Les enjeux de la vente directe à l’étal en Nouvelle-Aquitaine

 

Trois questions à Gaëlle RENARD, Directrice adjointe de l’OP Pêcheurs d’Aquitaine

 

Pourquoi la vente directe se développe-t-elle ?

Le contexte économique actuel pousse naturellement les pêcheurs à chercher des solutions de valorisation. Le développement de la vente directe est lié à un ensemble de facteurs : D’abord, le fonctionnement des criées basé sur le modèle des ventes aux enchères, a été un premier élément déclencheur. Dans ce système, les producteurs n’interviennent pas dans la formation du prix. Les patrons-pêcheurs disent souvent « je ne vends pas mon produit, on me l’achète ». Certains ont souhaité se réapproprier cette fonction commerciale. Deuxièmement, la réglementation liée à l’exploitation de la ressource, plus contraignante, a également joué un rôle. Les volumes pêchés sont en diminution, il est donc nécessaire de mieux les valoriser. Par ailleurs, le tourisme en région n’y est pas étranger non plus. Avoir un étal à Saint-Jean-de-Luz, Arcachon ou Capbreton présente un réel intérêt économique ! Cette tendance surfe aussi sur la dynamique des circuits courts, comme pour les produits de la ferme. Cette activité est moins saisonnière qu’on ne pourrait le penser et fonctionne toute l’année.

étal de poissons

 

Qui est concerné ?

La vente directe de petits volumes concerne plutôt les petites entreprises de pêche, exploitant généralement un unique navire qui sort à la journée. Les pêcheurs vendent alors surtout au détail au consommateur final, via un étal fixe ou ambulant, et/ou de gré à gré aux restaurateurs locaux. La vente directe peut représenter une part importante du chiffre d’affaires de l’entreprise. Mais sur l’ensemble de la flottille, les produits de la mer vendus au détail sont très modestes par rapport aux volumes vendus à des intermédiaires.

La vente directe de quantités plus importantes est plutôt le fait des entreprises de pêche en capacité de fournir et de garantir les volumes attendus par les grossistes avec lesquels ils contractualisent dans le cadre d’une vente directe de gré à gré.

Au sein de notre Organisation de Producteurs, les volumes écoulés en direct au consommateur final et aux restaurateurs locaux restent cependant marginaux par rapport à la production totale des adhérents.

Le producteur doit bien définir le type de ventes directes dans lequel il souhaite s’impliquer et s’imprégner de la réglementation complexe qui encadre chacun des aspects de la première mise en marché des produits de sa pêche, sa responsabilité étant engagée.

pêcheur palourde

 

Quelles sont les principales règles qui s'appliquent en matière de vente directe ?

La vente directe n’est pas une simple tolérance, elle est parfaitement légale et très réglementée.

La vente en direct est encadrée par de nombreux textes réglementaires, communautaires, nationaux et locaux, qui abordent une multitude d’aspects, souvent de manière non spécifique et très cloisonnée : démarches administratives, fiscalité, comptabilité, sécurité sanitaire, obligations déclaratives, normes de présentation des produits en première vente, transport et stockage…, le cas échéant, social (embauche de personnel), occupation du domaine public (principalement maritime), etc.

Dans le cas de la vente de gré à gré à un acheteur professionnel de la filière, on peut citer en particulier l’obligation d’établir avec l’acheteur un contrat de gré à gré et de lui transmettre un certain nombre d’informations de traçabilité, qui suivront les produits jusqu’au stade de la remise au consommateur final.

Concernant la vente au détail au consommateur final, le pêcheur supporte seul la responsabilité liée à la salubrité et la sécurité sanitaire des produits qu’il vend et se doit d’informer le consommateur, notamment sur l’origine des produits vendus, par le biais de règles d’étiquetage et d’affichage de mentions obligatoires. Par exemple, il faut afficher la dénomination commerciale de l’espèce et pas juste l’appellation locale, comme « baudroie » et non « lotte ». Le nom latin, obligatoire, permet de différencier entre autres le pétoncle de la véritable noix de Saint-Jacques... La zone de pêche, le prix de vente, l’engin de pêche utilisé doivent être précisés, comme dans une poissonnerie.

L’Organisation de Producteurs Pêcheurs d’Aquitaine, dans le cadre de sa mission d’encadrement de la première mise en marché des produits, se tient à la disposition de ses adhérents sur toutes les questions liées à la vente directe et propose un appui technique pour accompagner les producteurs concernés dans leurs démarches. Par exemple, l’OP a organisé à destination des vendeurs, des formations à l’hygiène et la sécurité sanitaire des produits et des manipulations effectuées dans le cadre de la vente directe.


Téléchargez le guide de la réglementation sur la vente directe

 

L’OP Pêcheurs d’Aquitaine

L’OP Pêcheurs d’Aquitaine est l’une des Organisation de Producteurs (OP) de la façade atlantique. Son objectif, mettre en place les meilleures conditions de vente possibles des produits de ses adhérents. En savoir plus

Autres OP de Nouvelle-Aquitaine

Les deux autres organisations de productions de la région Nouvelle-Aquitaine sont :

  • L’OP La Cotinière
  • L’OP FROM Sud-Ouest

 

caisse criée glace