Le CRPMEM NA tient un rôle primordial dans la coordination et l'assistance technique auprès des professionnels de la filière pêche au niveau régional. Il s'investit dans de nombreux projets multipartenariaux, répondant à des défis économiques et sociaux, environnementaux, ou encore à des questions de gouvernance et de durabilité dans le domaine de la pêche maritime.
Ressources
Projets autour du bar commun et du maigre : BARGIP, BARFRAY et NOURDEM
Le bar commun (Dicentrarchus labrax) est une des espèces les plus importantes du point de vue économique pour la pêche professionnelle française. Le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) a relevé le manque de connaissances scientifiques pour gérer au mieux cette espèce et recommande un renforcement des suivis et études scientifiques au sein des États membres.
Tout d'abord, entre 2013 et 2017, l’Ifremer et le Comité National des Pêches ont conjointement mené le projet novateur BARGIP (financé par FFP). Il a permis d’améliorer les connaissances sur les nourriceries et les migrations de cette espèce en privilégiant un partenariat avec les professionnels de la pêche notamment via des actions de marquage/recapture.
Dans la continuité du projet BARGIP, le projet BARFRAY (2019) avait pour objectif d'acquérir des connaissances sur les zones de frayères. Depuis 2019, un troisième projet a été lancé et perdure. Il concerne l’acquisition de connaissances sur les zones de nourriceries (NOURDEM).
Dans le cadre du projet multi-partenarial BARFRAY, porté par l'Ifremer, l’OP La Cotinière a participé à la campagne de marquage réalisée en 2019 au large de l’Estuaire de la Gironde sur la frayère. Il visait à améliorer la compréhension du fonctionnement des zones fonctionnelles de bar. Grâce aux déclarations de recaptures, l’action a permis notamment d’estimer le déplacement apparent des poissons entre la zone de marquage et les sites de recapture.
Depuis 2019, l'ambitieux projet NOURDEM (NOURriceries à DEMersaux) s'inscrit dans la durée. Il prévoit la réalisation de campagnes halieutiques annuelles dans les 3 estuaires majeurs français de l’Atlantique que sont la Seine, la Loire et la Gironde au moyen d’un chalut à grande ouverture verticale spécialement développé pour l’échantillonnage des poissons démersaux (et notamment celui des juvéniles de bar). Ce sont l’Ifremer et le CNPMEM qui portent ce projet. Il repose sur l’application du protocole opérationnel développé lors de l’action « Bargip Nourriceries », et validé à l’occasion des campagnes NOURDEM Loire et Seine de 2017. A partir des données ainsi acquises, les objectifs du projet sont :
- Produire des indices d’abondance en juvéniles des espèces utilisant les estuaires comme nourricerie, et notamment en juvéniles de bar européen ;
- Cartographier les nourriceries majeures au sein des estuaires
- Caractériser la « qualité » de ces estuaires en tant que nourricerie
Pour le protocole déployé dans l’Estuaire de la Gironde, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine embarque aux côtés de l’Ifremer et des 2 marins-pêcheurs professionnels à chaque campagne de fin d'été. Chaque campagne prévoit la réalisation de 200 opérations de pêche. La saisie des données et les premières analyses par l'Ifremer sont disponibles ici.
En 2024, le programme NOURDEM continue.
Via ces efforts, les partenaires espèrent que la caractérisation de ces nourriceries sur un pas de temps plus long permettra de mieux comprendre leurs contributions dans l’état des stocks des espèces qui peuplent l’estuaire.
Projet ACOST (pour le maigre et le rouget barbet)
Fort du succès du projet ROMELIGO (2014-2017) portant sur l’amélioration de la connaissance sur plusieurs espèces d’intérêt halieutique, les contributeurs ont vivement souhaité entreprendre une suite à ce programme d’acquisition de connaissances. Ainsi, porté par l'AGLIA, et avec l'appui de l'Ifremer, les structures professionnelles (comités et OP, ainsi que l’AGLIA) et techniques (universités) ont décidé de participer à ce nouveau projet : ACOST (Amélioration de la COnnaissance sur des STocks du golfe de Gascogne : lieu jaune, maigre, merlan et rouget barbet).
Le projet a démarré en 2021 et prendra fin en 2025.
Dans le but de gérer les stocks de la meilleure des façons, il est nécessaire de se baser sur le maximum de connaissances biologiques et halieutiques possibles. Le partenariat scientifique-pêcheur constitue ainsi un véritable moyen et une opportunité pour y parvenir. Le projet ACOST propose de combler les manques de connaissance sur l'exploitation de quatre espèces du Golfe de Gascogne : le lieu jaune, le maigre, le merlan et le rouget barbet.
L’aire de répartition de la population de maigre sera étudiée par une campagne de marquage novatrice (marque « pop-up »). Une évaluation de biomasse par la méthode génétique novatrice CKMR sera aussi appliquée. Pour le rouget barbet, l'amélioration des connaissances des aires de distribution du stock sera réalisée par une approche génétique de type Rad-Seq individuel afin d'identifier les limites de ces stocks sur la façade Atlantique.
L’évaluation des stocks de ces espèces sera également étudiée par les méthodes halieutiques classiques en collectant les données spatialisées et en évaluant les efforts de pêche.
Ce projet se base sur un partenariat scientifique-pêcheur. Les professionnels s’engagent dans l’acquisition des données biologiques et d’exploitation nécessaires aux études génétiques et au suivi de l'exploitation halieutique.
Le but de ce projet est d'arriver à concevoir des outils et des méthodes d’acquisition des données pérennes et pertinentes pour les structures scientifiques et professionnelles. Ces outils pourraient aussi être transposables à d'autres stocks.
Programme de repeuplement civelles
Vu l’importance de la pêche de l’anguille en Nouvelle-Aquitaine, les marins-pêcheurs professionnels s’impliquent depuis 2011 dans la restauration de la population d’anguille européenne aux côtés des pêcheurs professionnels fluviaux. En effet, le règlement européen en la matière prévoit que les Etats membres autorisant la pêche à la civelle réservent une partie des captures d’anguilles de moins de 12 cm pour des opérations de repeuplement (60% du quota national est dédié au repeuplement européen et français). Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine est ainsi porteur des projets de repeuplement en civelles depuis 2011 sur le bassin de l'Adour, de la Gironde et depuis 2018 en Charente-Maritime. Il répond ainsi à une exigence réglementaire qui découle du Plan de Gestion de l'Anguille en France.
La méthode utilisée consiste à transférer des anguilles de moins de 12 cm vers des milieux sous-densitaires favorables à leur croissance. Des suivis scientifiques sont ensuite réalisés à 6 mois, 1 an et 3 ans. Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine travaille avec plusieurs mareyeurs agréés possédant une expérience dans la manipulation des civelles et qui ont la responsabilité de collecter les civelles auprès des pêcheurs professionnels marins ou fluviaux, d’assurer une stabulation dans les meilleures conditions, de réaliser le conditionnement et de transporter les civelles sur les lieux de déversement. Depuis 2011, le bilan de ces opérations est très positif.
Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine, en tant que porteur du projet, assure le montage du projet et veille au bon déroulé de toutes les étapes. Il assure également les retours des projets auprès des différents financeurs étatiques (Ministère et OFB). L’Association pour le Repeuplement de l’Anguille en France (ARA France) apporte un soutien financier et technique à l’ensemble des projets nationaux. Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine fait appel à différents partenaires pour l'assistance aux diverses étapes des projets, notamment CAPENA et le bureau d'étude Fish Pass qui réalise les phases de terrain, de suivis et la relève des données. Fish Pass réalise également le marquage des civelles et le suivi de la qualité des lots à déverser. En Gironde, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine et l’AAPPED Gironde ont travaillé avec les acteurs locaux (AAPPMA, IRSTEA, FD33, DREAL, MIGADO) afin d’améliorer l’efficacité des manipulations et d’augmenter ainsi le taux d’échappement des futures anguilles argentées en Gironde. Sur l’Adour ces acteurs sont l’AAPPED Adour, et l’AAPPMA.
En septembre 2023, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine a déposé 3 projets de repeuplement pour la saison 2023-2024 et a été retenu pour les projets sur le bassin de l'Adour, de la Gironde et de la Charente. Les déversements ont eu lieu :
- Dans le lac de Parentis-Biscarosse le 20 décembre 2023 : 298 kg de civelles dont 92 kg marquées,
- Dans le lac de Cazaux-Sanguinet le 2 février 2024 : 372 kg de civelles dont 188 kg marquées,
- Dans le fleuve Charente le 25 janvier 2024 : 494 kg dont 176 kg marquées.
Conformément au protocole national de l’appel à projets lancé par l’Etat, les premiers suivis scientifiques par pêche aux flottangs seront réalisés à l’automne 2024, soit 6 mois après les opérations de déversements.
Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine poursuit la mise en oeuvre des projets engagés durant ces dernières années. Ainsi durant le printemps/été 2024, les suivis à 1 an et 3 ans auront lieu sur chaque zone de déversement des projets initiés en 2023 et 2021. Ces suivis permettent de capturer des juvéniles d’anguilles qui seront analysés par Fish Pass pour déterminer s’ils proviennent effectivement des programmes de repeuplement et suivre leur qualité de développement.
Enfin, en 2024 se clôturent les 3 projets initiés durant la campagne 2020-2021. Il reste actuellement 12 projets en cours portés par le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine.
Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine poursuit son engagement en faveur de la restauration de la population d’anguille au travers des actions de repeuplement français qu’il porte à l’échelle régionale.
Programme de marquage de langoustes rouges
Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine a été un partenaire historique du programme de marquage de langoustes rouges porté par le CDPMEM du Finistère. Ce projet avait pour objectif d’améliorer les connaissances du stock : habitats, reproduction et croissance. Il avait fait l’objet d’un large partenariat composé des structures professionnelles bretonnes et de la façade atlantique. Le financement de ce programme s’est achevé en 2017.
Malgré tout, les pêcheurs professionnels volontaires peuvent poursuivre le marquage des individus.
Depuis 2016, les professionnels observent une abondance étonnante de langoustes rouges dans le Golfe de Gascogne. Ces observations de langoustes rouges confirment donc un regain du stock. Les pêcheurs annoncent rencontrer des petites langoustes en quantité, et parfois, marquées. Les efforts des professionnels semblent donc porter leurs fruits.
A l’initiative de la profession, les règles de préservation de la langouste rouge restent strictes (dans l’intérêt du stock) et sont acceptées par la profession (dans l'intérêt de la pêcherie). Depuis 2016, toute capture de femelles grainées est interdite sur les façades Atlantique et Manche. Depuis 2020, en Nouvelle-Aquitaine notamment, tout débarquement de langouste rouge de taille commerciale doit se faire à l'aide d'une bague du CRPMEM Nouvelle-Aquitaine numérotée. Cette mesure vise à baguer tous les spécimens de taille commerciale débarqués dans la région (11 cm de céphalothorax). Les captures de janvier à mars restent interdites. Pour les femelles grainées, c’est toute l’année. L’objectif de ce marquage est de connaitre plus précisément les débarquements annuels de cette espèce sur la façade atlantique, démontrant sa recrudescence.
Programme RECCRU : étude sur le RECrutement des CRUstacés
Dans la continuité du marquage des langoustes rouges, un partenariat a été mis en place depuis 2018 entre les structures professionnelles et scientifiques allant du Cotentin à la côte basque. Baptisé RECCRU (étude sur le RECrutement des CRUstacés), ce grand programme a pour objectif de mieux comprendre le recrutement des 4 espèces de crustacés prisés par les professionnels : le homard, le tourteau, la langouste rouge et l’araignée de mer.
Pour sa première phase, cette étude, portée par l'Ifremer, s'est étalée sur 6 années (2018-2023). Elle a permis d’avoir une meilleure visibilité sur l’évolution des stocks de ces crustacés. Cette étape reposait sur la mise en place de collecteurs spécifiques à chaque espèce permettant de recueillir les premiers stades de développement benthiques et de mesurer d’une année sur l’autre l’importance du recrutement. Les pêcheurs de Nouvelle-Aquitaine, favorables à cette initiative, espèrent qu’un outil de suivi professionnel et scientifique permettra d’anticiper les évolutions de stocks et d’ajuster au mieux les règles de gestion.
En 2022, avec Pierre COURTIAU, pêcheur à Ciboure, une filière de 10 collecteurs à larves de crustacés a été immergée sur la côte basque à l’occasion de 2 marées de 24h chacune. Cependant, l’opération a été un relatif échec, puisque les puces de mer ont grignoté tous les appâts, ne permettant pas aux collecteurs de rester « pêchant » très longtemps. Malheureusement le suivi particulier des juvéniles de langouste rouge ne peut donc pas être réalisé sur la côte basque (comme c’est le cas en Bretagne).
Il est aussi prévu une comparaison entre le recrutement larvaire en milieu naturel et artificiel.
La deuxième phase du projet a démarré en 2023 pour environ 5 années de plus. Celle-ci est désormais portée par le CDPMEM du Finistère, avec les mêmes partenaires. L’objectif de RECCRU 2 est de pérenniser les suivis méthodologiques des stocks de crustacés, pour mieux comprendre les diverses dynamiques des stocks de tourteau, de homard et de langouste rouge. Il est aussi prévu de mettre en place différents suivis abiotiques et biotiques (dont des éléments sur la chaîne trophique et les maladies potentielles) pour mieux comprendre les dynamiques. L’intérêt pour la Nouvelle-Aquitaine reste de qualifier le recrutement de la langouste rouge. Plus concrètement, il est prévu de déterminer la clé des mécanismes qui expliquent son recrutement, c’est-à-dire, de déterminer les liens environnementaux et le niveau de biomasse disponible. Il sera aussi prévu d’appréhender les sources alimentaires des larves de langouste rouge (par analyse isotopique ou barcoding).
Le financement des phases 1 et 2 est assuré par France Filière Pêche.
Le suivi halieutique des navires de moins de 10 mètres
Pour répondre à un manque évident d’informations sur les importantes activités pratiquées par les navires aquitains mesurant moins de 10 mètres et pratiquant la petite pêche côtière le long du littoral néo-aquitain, dans le bassin d’Arcachon ainsi que les estuaires charentais, de la Gironde et de l’Adour, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine porte depuis 2010 un projet de structuration de la connaissance des activités de la petite pêche côtière et estuarienne. Son objectif est de construire une base de données autour des pêcheries de navires volontaires, utilisées quotidiennement par les structures professionnelles dans le cadre de l'attribution des licences de pêche et de divers projets en cours.
Ce projet est réalisé avec le soutien des C(I)DPMEM 17, 33 et 64/40, de l’OP Pêcheurs d’Aquitaine et de l'OP FROM Sud-Ouest. CAPENA assure la réalisation technique de ce suivi. Le financement provient de la Région Nouvelle-Aquitaine.
Le plan de gestion des eaux occidentales
Depuis mars 2018, le CRPMEM NA suit les réflexions nationales autour du plan de gestion pour les eaux occidentales proposé par la Commission Européenne et impactant les pêcheries d'espèces démersales et pélagiques. Les premières, souvent regroupées sous le terme de poissons blancs, vivent à proximité du fond de l'eau, où elles trouvent leur nourriture, alors que les secondes évoluent en pleine eau, plus proches de la surface. Au total, ce plan concerne plus de 48 000 pêcheurs et 18 000 navires actifs de Belgique, Allemagne, France, Irlande, Espagne, Portugal et du Royaume-Uni. Les structures professionnelles de la pêche de la Nouvelle-Aquitaine suivent de près les réflexions nationales qui pourraient consister à mettre en place des règles de gestion particulières.
Le CRPMEM NA s'intéresse également au travail de l'Association Grand Littoral Atlantique (AGLIA) qui a produit un outil, SCOPE, visant à évaluer l'impact de différents scénarios de gestion, et ainsi permettre d'avoir une vision complète des relations entre stocks et conséquences socio-économiques de la filière.
Demande de la baisse de la taille commerciale de la palourde japonaise dans le Bassin d'Arcachon
Grâce à l’ensemble du travail élaboré depuis plusieurs années, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine et le CDPMEM de Gironde persistent à mobiliser les instances européennes pour faire évoluer la réglementation sur la taille minimale de capture de la palourde japonaise dans le Bassin d’Arcachon. En effet, une seule taille est fixée pour l’Atlantique (35 mm), alors que les caractéristiques biologiques, et notamment les paramètres de croissance, diffèrent d’un gisement à l’autre. En particulier sur le Bassin d‘Arcachon, les palourdes y ont une croissance ralentie et prennent une forme « boudeuse », et la taille minimale de 35 mm n’est peut-être pas adaptée à la dynamique de la pêcherie du Bassin d’Arcachon.
En 2020, sur la base d’une réponse d’Ifremer à une saisine de l'ex-DPMA (aujourd'hui DGAMPA), le groupe d’Etat membres des eaux occidentales australes (CC Sud) a effectué une recommandation conjointe (RC) à la Commission Européenne dans le but d’abaisser cette taille à 32 mm pour le Bassin d’Arcachon (et ce conformément au principe de régionalisation introduit par l’article 18 du règlement de base de la PCP). Début 2021, le CSTEP a émis un avis défavorable (mais non définitif) sur cette RC en soulevant trois obstacles :
- La taille de première maturité sexuelle (SL50) précise est inconnue pour le Bassin d’Arcachon ;
- Les mesures de gestion et de suivi de la pêcherie n’ont pas été assez détaillées ;
- Différentes tailles réglementaires entre gisements de palourde sont susceptibles d’occasionner des difficultés de contrôle.
Afin de répondre à chacun de ces éléments, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine a monté un projet multipartenarial avec le CDPMEM de Gironde, le CNPMEM et Ifremer, intitulé ACOPALBA pour : Amélioration des COnnaissances sur la PALourde japonaise et la pêcherie associée dans le Bassin d’Arcachon pour complément d’une demande de diminution de la taille minimale de référence de conservation. Ce projet a été financé par FFP.
Le projet a démarré par des échantillonnages de palourdes durant l’été 2021. Ces palourdes ont été conditionnées, disséquées et livrées par l'Ifremer à la Station marine de Plentzia. Afin de réaliser l'histologie, la station marine a effectué les coupes des gonades de chaque échantillon. Ce travail, réalisé sur plus de 1200 palourdes, s’est terminé début 2022. L'Ifremer a par la suite analysé les résultats. L'Ifremer a estimé dans son rapport scientifique que la taille de maturité de la palourde est de 26,7mm. Une synthèse du suivi et de la gestion de la pêcherie a été produite en plus du rapport scientifique.
Nous espérons que ces éléments seront suffisants pour obtenir l’autorisation de baisse de la TMRC dans le Bassin d’Arcachon. A ce jour (23/05/2023), la demande n'a pas reçu d'avis final.
Pour maximiser nos chances, mais aussi pour faire perdurer la collecte de données sur le stock de palourdes, le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine porte, en 2024, pour la première fois l'étude d'évaluation de stock, qui était historiquement portée par le CDPMEM de Gironde en partenariat avec l'Ifremer. Cette édition 2024 vise à échantillonner un grand nombre de sites du Bassin d'Arcachon afin de connaitre l'état de santé de la population de palourde (juvéniles et adultes). Le projet repose sur une campagne en mer de 15 jours. Ces informations donnent des tendances sur l'état du stock (évolutions, abondances, biomasses, classes de tailles, répartitions géographiques, etc.). La finalité de cette étude est de produire des indicateurs utiles pour l’adaptation des mesures de gestion visant à favoriser une exploitation durable de la ressource.
Notons que les stocks de palourdes de Charente-Maritime font également l’objet d’une évaluation par CAPENA (portée par le CDPMEM 17). Les structures professionnelles organisent ainsi une veille régionale sur les gisements de ces bivalves fouisseurs.
Autres enjeux d’intérêts du CRPMEM NA
Le suivi des pêcheries, des stocks, de l’environnement et des pratiques est un travail indispensable du CRPMEM NA. Celui-ci s’implique pleinement dans les tous les dossiers sensibles (anguille, civelle, bar, grande alose, palourde, rouget, réduction des rejets...) en menant des actions d’appui technique autour de la mise en œuvre de différents projets d’amélioration de connaissances en Nouvelle-Aquitaine. Cette compétence technique propre au CRPMEM permet également à la filière Nouvelle-Aquitaine de s’insérer dans des programmes collectifs fédérateurs à l’échelle de la façade atlantique et au-delà.
Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine suit aussi les problématiques du thon rouge, de la seiche et la raie brunette. Le CRPMEM NA s’assure de la compréhension mutuelle entre professionnels et scientifiques afin de faire émerger des mesures responsables et partagées.
"Analyses Risques Pêche" envers les habitats et les espèces dans les sites Natura 2000
Projets PAMPAQ et CONTRAST
Le projet PAMPAQ (Pêche Professionnelle dans les Aires Marines Protégées en Aquitaine, 2017-2019) a contribué à la mise en œuvre de la directive habitats-faune-flore 92/43/CEE du 21 mai 1992 et a répondu à la circulaire du 30 avril 2013 relative à la prise en compte des activités de pêche dans les sites Natura 2000.
Il s’agissait de réaliser des diagnostics socio-économiques volet pêche professionnelle, de mener des analyses de risque de dégradation des habitats Natura 2000 vis-à-vis des activités de pêche professionnelle. L'objectif était de proposer le cas échéant et en fonction des résultats des analyses de risque, des mesures permettant d’éviter ces risques afin de contribuer au maintien ou au bon état de conservation des habitats Natura 2000. Les sites concernés étaient les suivants : « Portion du littoral sableux de la côte Aquitaine » (vulgarisé « Carcans-Hourtin »), « Côte basque rocheuse et extension au large », « Falaises de St-Jean-de-Luz à Biarritz » et « Domaine d’Abbadia et corniche Basque ».
Ce projet associait le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine et l’ex-Agence Française pour la Biodiversité (aujourd'hui OFB). Ce projet a permis de poser le diagnostic le plus juste possible concernant les activités de pêche et leurs impacts potentiels sur les habitats Natura 2000. Le projet a associé étroitement les professionnels de la pêche concernés par une activité sur ces sites pour garantir la fiabilité des diagnostics posés, et a associé ces professionnels aussi à l’élaboration des mesures les plus efficaces et cohérentes possibles.
Le projet a été financé à 80 % dont 75% de FEAMP dans le cadre de la mesure 40 du FEAMP « Protection et restauration de la biodiversité et des écosystèmes marins ». Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine a assuré un autofinancement de 20 %.
Pour le site « Carcans-Hourtin », le diagnostic et « l’analyse de risque pêche » ont déterminé les activités de chalutage de fond comme une activité à risque de dégradation des habitats. Ainsi, des réflexions sur des mesures réglementaires ont été lancées entre les représentants professionnels et services de l’Etat au cours de l’année 2019, afin de répondre aux objectifs environnementaux. Cependant, aucun consensus n’a été trouvé.
Depuis 2019, aucune discussion de mesures réglementaires post-projets sur le site médocain n’a eu lieu.
Les comités des pêches avaient fait le constat qu’il n’est pas cohérent de discuter de mesures de gestion, avec un impact socio-économique fort sur des entreprises de pêche alors que l’analyse de risque ne permet pas de qualifier précisément le risque encouru. Ce constat fonde les deux premiers axes d’investigation que le projet « CONTRAST » proposait de poursuivre (CaractérisatiOn des gréemeNTs et des pRAtiqueS des chaluTs de fond de la façade Atlantique au regard de leurs interactions avec les habitats marins en zone Natura 2000) : la caractérisation des gréements et des pratiques au chalutage de fond. A l’issu de ce projet (2021-2022), il a été possible d'améliorer la méthodologie des analyses de risque pêche en intégrant de manière plus précise les spécificités des chaluts de fond. L’objectif bonus était de proposer des pistes d’actions autour de ces deux axes pour limiter le risque de porter atteinte aux objectifs de conservation des habitats.
Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine continue et continuera à se montrer fermement opposé aux mesures de fermeture de pêche spatio-temporelles. Ce type de mesure excessive générera à coup sûr un trop fort impact économique pour des entreprises de pêche.
Pour les sites de la côte basque, aucune activité de pêche n’a été identifiée comme à risque. Ainsi, il est simplement prévu de mettre en place un suivi annuel des activités de pêche mais aussi de communiquer sur les bonnes pratiques.
Projet PIMBA et la prise de mesures réglementaires
La pêche professionnelle du Bassin d’Arcachon se distingue par une grande diversité de métiers pratiqués, adaptés aux nombreuses espèces halieutiques peuplant les eaux du Bassin et de son ouvert en fonction des saisons de l’année : pêcheurs à l’océan, pêcheurs intra-bassins et pêcheurs à pied.
Pour répondre aux enjeux portés par le Plan de gestion du Parc naturel marin du Bassin d’Arcachon (PNMBA ; 2019-2022), une étude sur les interactions entre les activités de pêche professionnelle et les richesses naturelles a été mise en place par le PNMBA sur son périmètre. Cette étude portait 1) sur l’identification des activités de pêche professionnelle susceptibles d’interagir avec les différentes richesses naturelles du PNMBA, 2) sur la qualification de ces interactions et du risque de porter atteinte aux objectifs de conservation des sites N2000, et 3) sur la proposition de mesures de gestion le cas échéant. Cette étude, placée sous le pilotage du Conseil de gestion du PNMBA, s’inscrivait dans un contexte Natura 2000 lié à la présence de sites dont le PNM est opérateur, avec des attentes spécifiques inhérentes à ce niveau de protection européen.
Les étapes de ce projet étaient de :
• Mobiliser et analyser les connaissances relatives aux activités de pêche professionnelle présentes dans le périmètre du PNMBA et des sites Natura 2000 ;
• Réaliser l’identification des interactions et la qualification des niveaux de risques associés, à partir du croisement des informations relatives aux activités de pêche professionnelle et aux richesses naturelles ;
• Proposer des mesures de gestion des risques préalablement identifiés et analyser les incidences socio-économiques des ces mesures .
Les partenaires ont produit un diagnostic socio-économique des activités de pêche professionnelle présentes au sein du PNMBA (accompagné d’un atlas cartographique), un rapport spécifique sur l’analyse des interactions et la qualification des risques, ainsi qu'un rapport spécifique sur les mesures de gestion potentielles et leurs incidences socio-économiques.
Les propositions de mesures ont été examinées par les services de l’Etat pour être intégrées dans les arrêtés encadrants les activités de pêche au cours de l’années 2023 et ont été annexées au DOCOB du PNMBA.
Projet ARPEGI
Les travaux d’élaboration du plan de gestion du PNM de l’Estuaire de la Gironde et de la Mer des Pertuis (EGMP) se sont terminés en 2018 avec la validation du document en Conseil de Gestion du PNM, faisant suite à de nombreux échanges en groupes de travail et en réunions des commissions géographiques et du Conseil de gestion auxquels le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine a participé.
Comme pour le PNM du Bassin d’Arcachon et les autres sites néo-aquitains (cf. PIMBA et PAMPAQ), les « Analyses de Risques Pêche » (ARP) de porter atteinte aux objectifs de conservation doivent être réalisées au sein des sites Natura 2000 du PNM EGMP (art. L 414-4 du Code de L’Env. 3.II.bis). L’emprise du PNM couvre 6500 km² d’espace marin, dont 91 % sont classés Zones de Protection Spéciale (sites Oiseaux) et 99 % classés Zones Spéciales de Conservation (sites Habitats, Faune, Flore). Cette obligation réglementaire a été intégrée dans le programme d’actions du Conseil de gestion.
Dans cette optique, le PNM s’est accordé avec le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine, le COREPEM, le CRPMEM Bretagne, le CDPMEM 17 et le CDPMEM 33 pour mener deux projets complémentaires.
Le premier, appelé « Diagnostic Pêche », était un état des lieux de la pêche dans le PNM. Il a été financé sur fonds propres du PNM et visait une description spatio-temporelle et technique des activités halieutiques dans le PNM sur 2017 (année la plus récente à l'époque pour laquelle les comités disposaient des données complètes, pour en faire une année de référence à étudier).
Le second projet, nommé « ARPEGI », a été déposé au titre de la mesure 40.2 du FEAMP et doit se terminer en 2024. Dans un premier temps, il vient compléter les travaux de diagnostic du premier projet sur deux aspects : extension des analyses au périmètre de la ZPS « Pertuis Rochebonne », dont une partie s’étend plus au large que le PNM, et ajout d’une approche socio-économique à l’échelle de la filière pour décrire plus finement les activités halieutiques. Enfin, sur la base de cet état des lieux plus complet, ARPEGI prévoit la réalisation de l’ARP proprement dite et notamment la phase d’évaluation des risques que représentent les activités de pêche professionnelles pour les habitats et espèces d’intérêt communautaire. A terme, des mesures de gestion adaptées, tenant compte à la fois des objectifs de conservation des sites Natura 2000 et des contraintes induites pour la filière halieutique, devraient être proposées dans le cadre d’ARPEGI.
En 2020, les comités des pêche ont donc largement oeuvré aux travaux prévus dans le cadre du projet de Diagnostic Pêche. Le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine a notamment mobilisé les données déclaratives disponibles via le suivi halieutique des navires de moins de 10 mètres et les a mis au format des données VALPENA pour qu’elles puissent être analysées conjointement avec l’activité des navires de Bretagne, des Pays de la Loire et de Charente-Maritime. Des enquêtes complémentaires « type VALPENA » ont été menées par le CRPMEM Nouvelle-Aquitaine pour apporter un complément d’information relatif aux navires aquitains de 10-12 mètres. Les données du SIH (Ifremer-DPMA/DGAMPA) ont aussi permis d'alimenter en données spatiales les activités des navires de plus de 12 mètres aquitains.
En 2021, le CRPMEM a ainsi participé à la finalisation du premier projet « Diagnostic Pêche dans le PNM », et contribué à la réalisation des premières étapes du projet ARPEGI : intégration de données de ventes en lien avec les organisations de producteurs, appui aux prestataires chargés de la collecte des données comptables auprès des centres de gestion, conduite d’enquêtes auprès des professionnels de la pêche maritime sur les volets « espèces » et « habitats » d’intérêt communautaires (EIC et HIC).
En 2022, les partenaires du projet ont sélectionné 5 couples « engins - espèces » considérés comme prioritaires, pour lesquels des embarquements ont eut lieu au printemps 2022 et se sont poursuivis jusqu’en mars 2023, afin d’objectiver l’évaluation des interactions pêche/EIC (mammifères marins, poissons migrateurs et oiseaux marins). En parallèle, les comités ont produit une synthèse réglementaire, un rapport sur les métiers destiné au grand public, un rapport d’enquêtes sur les interaction ancrages/HIC, et un rapport d’enquêtes sur la pêche à pied. Des enquêtes complémentaires ont aussi été réalisées sur les arts traînants pour vérifier l’existence d’interaction avec les habitats rocheux.
En 2023, le PNM EGMP a étudié et proposé une qualification des risques de porter atteinte aux objectifs de conservation des habitats et des espèces N2000. Des scénarios de mesures ont été soumis au RICEP afin de sélectionner des mesures adéquates.
En 2024, les discussions entre les parties prenantes perdurent. Chaque interaction est passée au crible afin qu'il en ressorte, le cas échéant, les meilleures mesures de gestion supplémentaires. La décision finale des mesures devrait avoir lieu fin 2024.
Le projet est financé par le FEAMP et le porteur de projet (PNM EGMP - OFB). Le préprojet de diagnostic bénéficiait d’un financement du PNM, auquel s’ajoutait de l’autofinancement des différents partenaires.
Pollution
Projets FIND et DEEP-SMS
Faisant suite au projet FIND (2019), le projet Deep SMS (2020-2023) était très attendu par de nombreux acteurs. Dans le but de réduire la perte de matériels de pêche, la pêche fantôme qui peut temporairement affectée la vie marine, et in fine pour éviter la dégradation du plastique dans le milieu, les professionnels se sont associés avec l'Université de Bordeaux sur un projet R&D. Ce projet a aussi été financé par l'Agglomération Pays Basque et l'Europe, avec un pilotage CIDPMEM 64-40/Université de Bordeaux.
Initialement, ces 2 projets sont nés du constat de la perte récurrente de filets par les navires, le plus souvent en raison de la perte du fanion qui sert à localiser visuellement les filets. Cela entraîne une perte économique (produits de la pêche, du matériel, du gasoil consommé et du temps passé à rechercher les filets) mais aussi un impact écologique. En effet, le filet perdu représente une source de pollution par dégradation, et constitue un engin « fantôme » qui est susceptible de « piéger » des poissons un certain temps. Le projet FIND avait pour objectif de tester un dispositif pour connecter les filets de pêche afin qu'ils diffusent leurs coordonnées géographiques. La localisation des filets de pêche est possible grâce à un système de balises et récepteurs acoustiques entre le navire de pêche et le filet. Le projet DEEP SMS devait permettre le développement cette technologie.
Ces projets de recherche et développement avaient une portée qui allait au-delà de la seule problématique de la pollution plastique (une technologie innovante, un outil rassurant et utile pour l’entreprise de pêche, un gain écologique, un gain en termes de biodiversité, etc.).
A ce jour, les pêcheurs ne bénéficient pas (encore) de cette technologie, car le coup de développement de ce système reste très élevé...
Projet Plasfito
En 2022, un projet de recherche d’envergure régionale lié à une thèse a commencé : le projet Plasfito. Le projet est porté par l’Université de Bordeaux pour une durée d’au moins 3 ans. L’hypothèse de départ est que les engins de pêche constitué de plastique, suite à leur utilisation régulière, ou après leur perte, peuvent se dégrader et libérer dans le milieu des micro et nanoplastiques ainsi que des additifs et des produits d’oxydation. Ces éléments peuvent représenter une menace pour la santé des organismes marins, car ils sont directement exposés au milieu ambiant ou peuvent en ingérer.
L’objectif central de ce projet est d’évaluer le risque écotoxicologique des plastiques utilisés dans les engins de pêche pour les écosystèmes marins et de proposer si besoin des solutions alternatives. Pour répondre à cet objectif, il est prévu tout d’abord (i) d’évaluer la nature et les quantités de filets et autres engins de pêche en plastique utilisés dans le sud-est du Golfe de Gascogne, (ii) d’étudier la cinétique et les processus de dégradation de ces plastiques au cours de leur cycle de vie puis (iii) de caractériser les effets écotoxiques liés au vieillissement et à la dégradation de ces plastiques, et enfin (iv) de proposer et tester des solutions alternatives durables avec des filets en plastique biodégradable.